samedi 25 juillet 2009

Artif à Presles : la voie de la Conque

Ça y est, l'occasion se présente enfin d'aller parcourir la voie de la Conque à Presles. Après une tentative il y a plusieurs années avec Vincent au mois de Février 2001 ou 2002, il était grand temps de retourner jouer de l'étrier dans ce secteur très impressionnant des falaises de Presles. La voie de la Conque est un itinéraire d'artif de 300 mètres avec 11 longueurs; la voie a été ouverte en 6 jours durant le mois de Juin 1977 par Jean Marcel Chapuis et Bruno Fara (historique de l'ouverture). L'équipement est abondant dans l'ensemble de la voie, parfois vieillissant mais souvent encore bon. Les relais sont bétons, seulement deux ou trois se font uniquement sur les points d'origine (mais présent en quantité).
Le départ de l'aventure est donné vendredi 24 Juillet vers 20h(Gauthier m'appelle la veille et me laisse un message pour me proposer, je cite : "une petite virée artif...", évidemment je le rappelle dans la foulé pour lui dire que je suis chaud bouillant!). La voiture est chargée et nous prenons la route de Presles. A 22h, nous sommes au pied du Triangle de Choranche, secteur sur lequel se déroule l'itinéraire. Il nous faut alors monter les affaires au pied de la voie. L'approche en elle-même nous plonge immédiatement dans l'ambiance! (C'est bien simple le chemin fait a tout casser 200m pour 150 m de dénivelé... on vous laisse imaginer, et tout ça au milieu des buis trempé par l'orage de la veille)L'orage est passé quelque temps avant nous, et le portage dans la sente très raide n'est pas évident. Vers 23h, nous arrivons (une première fois) au bivouac, mais il faut encore faire un aller retour jusqu'à la voiture pour ramener le reste du matériel (entre autre une grande quantité d'eau, car il fait très chaud à Presles en cette saison). A minuit, nous sommes trempés, mais toutes les affaires sont au pied de la voie. Nous organisons le bivouac et les affaires pour le lendemain avant de déguster un petit rafraichissement bien mérité après cette mise en jambe. Nous sommes bien motivés, et de toute façon, il le faut, car c'est une bonne escalade qui nous attend. L'objectif du samedi est d'atteindre R5 (voir R6) pour bivouaquer sur le portaledge.
Nous nous endormons finalement vers 3h du matin. La nuit fut bonne mais un peu courte; vers 7h du matin, j'ai froid (j'aurais dû prendre un plus gros duvet et écouter Laure!) et je me lève pour me réchauffer alors que Thomas dors encore profondément.
Il finit tout de même par émerger, nous avalons un petit déjeuner rapidement tout en enfilant les baudriers. Nous préparons l'ensemble du matériel que nous allons hisser durant deux jours pour venir à bout de cet immense dévers. Thomas attaque la première longueur à 9h30. Quelques mètres d'escalade libre pour commencer et rapidement les joies de l'artif commencent(et mon envie de chier).
La première longueur est gravie, je déséquipe rapidement et le rejoint au premier relais. Nous sommes alors au relais depuis lequel nous étions redescendu quelques années auparavant avec Vincent. Encore un peu impressionné par cette seconde longueur sur laquelle nous avions buté, Thomas repart heureusement en tête. Après une bonne heure et demi de bataille dans la longueur, il parvient à R2 (certainement le relais le moins confortable de la voie; de tout de façon je me les suis tous tapé, les relais pourri ! je soupçonne Gauthier d'avoir fait un repérage à la jumelle la semaine précédente et que tout ça ne soit qu'un coup monté...).
C'est à partir de maintenant que nous commençons à hisser le sac et le portaledge (déjà monté pour faciliter l'installation du bivouac). Je pars alors dans la troisième longueur, entièrement équipée (j'ai juste rajouté un coinceur), mais les points sont parfois très éloignés et il faut monter bien haut dans les étriers pour espérer les atteindre.
Néanmoins, la longueur est relativement vite gravie et je peux profiter du confortable troisième relais sur une très bonne vire (je vous l'avait dit !! moi je dis que ça peut pas être juste une coïncidence... ). Thomas s'engage ensuite dans la quatrième longueur, plus longue que les précédentes.
L'ambiance commence à être très sympa, perdus au milieu de cette grande paroi déversante, avec en fond sonore, les douces notes de musique délivrées par Choupette, notre artif-radio, fabrication maison (un peu encombrante, un peu lourde mais ultra résistante, elle s'est tapé 30Om de hissage/raclage sur du bon calcaire bien tranchant mais elle a pas bronchée, sacrée choupette va !, mais quel plaisir quand les mouvements sur étriers s'enchainent sur fond de Rock, ou alors les longues attentes au relais en écoutant les émissions "là bas si j'y suis" de Daniel Mermet de France Inter quand gauthier a pas garder la pile dans sa poche...).
A 21h, j'en finis avec la cinquième longueur, un très beau dièdre. L'objectif du jour est atteint, mais il faut encore installer le bivouac et ranger le matériel pour le lendemain. L'ambiance sur le portaledge fait maison est incroyable, nous sommes à environ 150 mètres de haut, sur notre petite plateforme. Très vite nous sombrons dans les abimes du sommeil, emportés par le poids des longueurs, hissages de sacs et autres remontées sur corde, (on a même pas la force de fêter mon anniversaire....).
La nuit fût une nouvelle fois assez courte et le réveil difficile. Nous mangeons encore blottis dans les duvets sur le portaledge. Mais il ne faut pas trainer, nous avons encore 6 longueurs à gravir dans la journée, le timing sera serré! Nous rangeons le matériel, et nous décidons de larguer un peu de leste, les duvets et le portaledge passe par dessus bord! Une belle chute de 150 mètres, plein vide.
Il faut trouver l'énergie pour venir à bout des 6 longueurs qui sont au programme du dimanche. Le soleil est bien au rendez vous, nous sommes content d'avoir hisser une bonne quantité d'eau.

Les longueurs s'enchainent plutot bien, mais l'ensemble reste long et équisant.(heureusement on a eu droit à un peu de divertissement, notamment la visite éclair de quelques tarés : en effet dans la deuxième longueur après le bivouac, Gauthier est en tête, j'entend un grand bruit derrière moi, je me retourne et voit un mec avec sa combi de chauve souris passer à 200 à l'heure à une vingtaine de mètres du relais : hallucinant ! Ils seront en tout 4 à sauter dans la matinée et on en "recroisera" deux autres en début de soirée...) Heureusement, l'aspect fastidieux des dernières longueurs est quelque peu occulté par le vide omniprésent, surtout pour les quatre dernières longueurs (effectivement, assez lessivé pour ma part et pas très chaud pour repartir dans l'avant dernière longueur, je m'y lance quand même sans grand enthousiasme. J'en ressort surboosté tellement c'est gazeux, c'est simple y a tant de devers qu'on voit pas le pied de la voie. Résultat j'enchaine la dernière longueur, sur un petit fond de zik bien apprécié. Encore merci choupette!).
Ci-dessous, Thomas en finit avec le déséquipement de la 9ème longueur.
Il s'élance alors dans l'avant dernière longueur, juste les toits qui bordent le haut de la face. Nous sommes alors proche de la sortie de la voie (mais pas proche de la fin de la soirée et encore moins de l'arrivée à Saint Étienne....).
La traversé avant d'atteindre R10 est très gazeuse, avec 300 mètres de vide sous les fesses!!
Quelle ambiance! Relais presque suspendu sous le toit!
J'arrive à R10 lessivé, j'ai des crampes plein les bras, et j'ai beaucoup trop pris le soleil malgrès une constante hydratation ( et qu'à l'eau!!).
Thomas en finit alors avec la dernière courte longueur qui permet de sortir sur la rampe de Choranche. Mais l'aventure n'est pas encore tout à fait terminée, il faudra encore une heure pour regagner le sentier cablé de la rampe, une heure de bataille parmi les arbres morts! (avec le sacs rempli de matos pour ma part, de loin la longueur la plus dure de la voie....).

Vers 21h, nous engageons la descente de la rampe. A 23h, nous regagons le pied de la voie et nous commençons à chercher toutes les affaires balancées le matin depuis R5. A minuit, nous quittons Presles pour un retour plus que laborieux.
Heureusement que j'avais dis à Thomas que c'était une petite virée artif à la voie de la Conque ;-) (retour à saint é a 3h30 du mat' et r'attaque au boulot 3h plus tard...)!!

2 commentaires on "Artif à Presles : la voie de la Conque"

Anonyme a dit…

Réalisée il y a très longtemps en deux jours en Novembre 1986. Départ beau temps, et neige dans la nuit. Nous avions bivouaqué au-dessus du passage en 3, une longueur au-dessus de l'emplacement de bivouac indiqué dans le vieux topo (à gauche après le 3), pré-équipant une longueur, celle qui conduit au toit final, afin d'éviter la galère le lendemain matin. Départ la tronche dans le sac après une nuit dans les filets hamacs, où nous avons largué la compote dans une fausse manoeuvre en pleine nuit, puis rempli les duvets de pipi lors d'une seconde fausse manoeuvre. Après nous n'avons lus bougé. Départ matinal avec remontée sur corde fixe pour moi, puis la grande traversée sous le toit qui conduit à la rampe. Sortie dans 50 cm de fraiche et descente de la rampe en rasant le rocher. Récupération des affaires du 1er bivouac avant de regagner la 4L où nous attendaient les gendarmes de Pont en Royans inquiets pour nous, à qui nous avions laissé nos papiers et notre itinéraire... On a eu droit au café chaud et aux croissants. Sacrés souvenirs... Marc s'est tué quelques années plus tard au couloir Davin. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir des photos de la conque réalisée par d'autres personnes, l'itinéraire n'étant pas très fréquenté. Si vous avez aimé, je vous conseille le pilier du souvenir, moins long, le pilier de Chorange juste à gauche, devils hooks au départ de la rampe et le fou qui repeint son plafond, sympa et dans le même style plus court. Conseil, faire la première longueur la veille et bivouaquer sur la vire étroite, un assuré au niveau des buis, l'autre un peu plus à gauche sous le relais de départ de la 2ème longueur.

Si vous aimez l'artif, le verdon, avec le guy héran, qui reste très chaude dans les premières longueurs, et ce jusqu'au passage du toit en A3/A4... Le reste, c'est de l'A0.

Sinon, chez nous, la concave dans les calanques.

Bonnes grimpes,

Patrick

Gauthier on 04 juin, 2010 a dit…

Merci pour votre récit, c'est sympa! car effectivement, peu d'infos ou de retour sur cette voie sur le net. Pour les voies que vous recommandez, j'ai déjà fait le pilier du souvenir, très sympa, et le fou qui repeint son plafond, également un très bon souvenir;
J'ai aussi parcouru la concave par la directissime, mais je n'ai encore jamais fait d'artif au Verdon, il faudra à coup sûr parcourir quelques une des voies qui s'y trouvent. Etant sur Lyon, le Vercors reste pour le moment une destination privilégiée pour le weekend.

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